Les 5 points du calvinisme (canons de Dordrecht)

TEXTES BIBLIQUES
concernant l'élection et la prédestination
I Paroles de Jésus-Christ.
 
Mt 11:25-27; 13:11-15; 16:17; 19:11, 25-26; 22:14; 24:22, 31, 40-42; 25:34.
Mc 4:11-12; 10:40; 13:20, 26.
Lc 10:20, 22; 17:34-37; 18:7, 26-27.
Jn 5:21; 6:37, 44-45, 65; 10:3, 26:30; 13:18b; 15:16, 19-20; 17:2, 6, 9, 11-12, 24.
 
II Paroles des Apôtres.
 
Jn 1:13; (Jean Baptiste en 3:27); 12:39-40, = Es 6:10.
Ac 2:39; 9:15-16; 10:40; 13:2, 48; 15:7b; 22:14; 26:16-17.
Rm 1:6; 8:28-30, 33; 9:10-29; 11:4-7, 28-29.
1 Co 12:3, 18; 2 Co 13:5-6.
Ga 1:15-16.
Ep 1:4-14; 2:8-10; 3:11.
Ph 1:29; 2:13.
Col 1:12; 3:12.
1 Th 1:4; 5:9; 2 Th 2:13.
2 Tm 1:9; 2:10. Tt 1:1-2.
Hé 1:14.
1 P 1:1-2; 5:13; 2 P 1:10; 1 Jn 1:13; Jude 1:3 in fine.
Ap 13:8; 17:8, 14; 20:15.
 
I - LA PREDESTINATION, L'ELECTION ET LA REPROBATION

  • Le premier point de doctrine concernant la prédestination, l'élection et la réprobation

  • I.

    Du fait que tous les hommes ont péché en Adam, et se sont rendus coupables de la malédiction et de la mort éternelle, Dieu n'eût fait tort à personne s'il eût voulu laisser tout le genre humain dans le péché et la malédiction, et le condamner à cause du péché, suivant ces paroles de l'Apôtre: Tout le monde soit reconnu coupable devant Dieu... Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu (Rm 3:19, 23). Et: Car le salaire du péché, c'est la mort (Rm 6:23).



    II.

    Mais l'amour de Dieu a été manifesté en ceci: qu'il a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle (1 Jn 4:9; Jn 3:16).



    III.

    Or, pour amener les hommes à la foi, Dieu envoie bénignement les hérauts de cette joyeuse nouvelle à ceux qu'il veut, et quand il veut, par le ministère desquels les hommes sont appelés à la repentance et à la foi, en Jésus-Christ crucifié. Et comment croiront-ils en celui dont ils n'ont pas entendu parler? Et comment entendront-ils parler de lui, sans prédicateurs? Et comment y aura-t-il des prédicateurs, s'ils ne sont pas envoyés? (Rm 10:14-15)



    IV.

    Ceux qui ne croient point à cet Evangile, la colère de Dieu demeure sur eux; mais ceux qui le reçoivent et embrasent le Sauveur Jésus d'une vraie et vive foi, sont délivrés par lui de la colère de Dieu et de la perdition, et sont faits participants de la vie éternelle.



    V.

    La cause ou la coulpe de cette incrédulité, non plus que de tous les autres péchés, n'est nullement en Dieu, mais en l'homme. Mais la foi en Jésus-Christ, et le salut par celui-ci, est un don gratuit de Dieu, comme il est écrit: C'est par grâce en effet que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu (Ep 2:8). De même: Il vous a été fait de la grâce de croire en Christ (Ph 1:29).



    VI.

    Quant à-ce que Dieu donne en son temps la foi à certains et ne la donne point aux autres, cela procède de son décret éternel. Car le Seigneur fait ces choses "connues de toute éternité" (Ac 15:18); et: Il opère tout selon la décision de sa volonté. (Ep 1:11) Selon ce décret, Dieu amollit par grâce le cœur des élus, quelque durs qu'il soient, et les fléchit à croire; mais, par un juste jugement, il laisse ceux qui ne sont point élus dans leur méchanceté et leur dureté. C'est ici que se découvre principalement le profonde, miséricordieuse et pareillement juste distinction entre des hommes qui étaient également perdus; ou encore le décret de l'élection et de la réprobation révélé dans la Parole de Dieu; décret que les pervers, les impurs et les mal assurés tordent pour leurs perdition, mais qui donne une consolation indicible aux âmes saintes et religieuses.



    VII.

    Or, l'élection est le propos immuable de Dieu, par lequel, selon le très libre et bon plaisir de sa volonté, par pure grâce, il a, en Jésus-Christ, élu au salut avant la fondation du monde - d'entre tout le genre humain déchu par sa propre faute de sa première intégrité dans la péché et la perdition, - une certaine multitude d'hommes, ni meilleurs ni plus dignes que les autres, mais qui, avec ceux-ci, gisaient dans une même misère. Ce même Christ, Dieu l'a aussi constitué de toute éternité Médiateur et Chef de tous les élus, et fondement du salut. Ainsi, Dieu a décidé de les donner au Christ pour les sauver, de les appeler et tirer efficacement à la communion du Christ et par sa Parole et par son Esprit; autrement dit, de leur donner la vraie foi en lui, de les justifier et sanctifier, et, après les avoir puissamment conservés dans la communion de son Fils, de les glorifier finalement, pour la démonstration de sa miséricorde, et à la louange des richesses de la gloire de sa grâce, selon qu'il est écrit: Dieu nous a élus en Christ avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et sans défaut devant lui. Dans son amour, il nous a prédestinés par Jésus-Christ a être adopté, selon le dessein bienveillant de sa volonté, pour célébrer la gloire de sa grâce, qu'il nous a accordée en son Bien-Aimé (Ep 1:4-6). Et ceux qu'il a prédestinés, il les a aussi appelés; et ceux qu'il a appelés, il les a aussi justifiés; et ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés (Rm 8:30).



    VIII.

    Cette élection n'est point de plusieurs sortes: elle est une seule et même élection de tous ceux qui seront sauvés, dans l'Ancien et le Nouveau Testaments, attendu que l'Ecriture prêche un seul bon plaisir, propos arrêté et conseil de la volonté de Dieu, par lequel il nous a élus de toute éternité, tant à la grâce qu'à la gloire, tant au salut qu'à la voie du salut qu'il a préparée afin que nous cheminions en elle.



    IX.

    Cette élection-là s'est faite, non point en considération de la foi prévue, de l'obéissance de la foi, de la sainteté, ou de quelque autre bonne qualité ou disposition, qui seraient la cause ou la condition préalablement requise en l'homme qui devait être élu; mais au contraire, pour donner la foi, l'obéissance de la foi, la sainteté, etc. C'est pourquoi l'élection est la fontaine de tout bien salutaire, de laquelle découlent la foi, la sainteté et les autres dons salutaires, bref la vie éternelle même, comme les fruits et les effets de celle-ci, selon le dire de l'Apôtre: Il nous a élus (non parce que nous étions saints, mais) pour que nous soyons saints et sans défaut devant lui (Ep 1:4).



    X.

    La cause de cette élection gratuite est le seul bon plaisir de Dieu. Elle ne consiste point en ce qu'il a choisi pour condition du salut certaines qualités ou actions humaines, parmi toutes celles qui sont possibles; mais en ce que, du milieu de la commune multitude des pécheurs, il a pris à soi en héritage particulier un certain nombre de personnes, ainsi qu'il est écrit: Car les enfants n'étaient pas encore nés, et ils n'avaient fait ni bien ni mal, etc., il lui fut dit (à savoir Rébecca): L'ainé sera asservi au plus jeune, selon qu'il est écrit: J'ai aimé Jacob, et j'ai haï Esaü (Rm 9:11). Et: Tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent (Ac 13:48).



    XI.

    Et comme Dieu lui-même est très sage, immuable, connaissant toutes choses, et tout-puissant, de même l'élection qu'il a faite ne peut être ni interrompue, ni changée, ni révoquée, ni annulée, et les élus ne peuvent être rejetés ni le nombre de ceux-ci diminué.



    XII.

    Les élus sont, en temps opportun, rendus certains de cette élection dont ils sont l'objet - élection éternelle et immuable au salut - quoique ce soit par degrés et dans une mesure inégale; non pas en sondant avec curiosité les secrets et les profondeurs de Dieu, mais en prenant conscience en eux-mêmes, avec une joie spirituelle et une sainte liesse, des fruits infaillibles de l'élection distingués dans la Parole de Dieu, comme le sont la vraie foi en Jésus-Christ, la crainte filiale envers Dieu, la tristesse selon Dieu, la faim et la soif de justice, etc.



    XIII.

    De la certitude et de l'appréhension intérieures de cette élection, les enfants de Dieu prennent de jour en jour une plus grande matière de s'humilier devant Dieu, d'adorer l'abîme de ses miséricordes, de se purifier eux-mêmes; d'aimer aussi très ardemment de leur côté celui qui, le premier, les a tellement aimés. Ils s'en faut donc de beaucoup que, par cette doctrine de l'élection et par sa méditation, ils soient rendus plus paresseux, ou charnellement nonchalants à garder les commandements de Dieu. C'est ce qui arrive ordinairement, par un juste jugement de Dieu, à ceux qui, ou présumant témérairement, ou jasant à plaisir et avec pétulance de la grâce de l'élection, ne veulent point cheminer dans les voies des élus.



    XIV.

    Or, puisque cette doctrine de l'élection divine, selon le très sage conseil de Dieu, a été prêchée par les Prophètes, Jésus-Christ lui-même et les Apôtres, tant aux époques de l'Ancien que du Nouveau Testament, et ensuite rédigée par écrit dans les saintes Ecritures, elle doit, encore aujourd'hui, être publiée dans l'Eglise de Dieu -à laquelle elle est spécialement destinée - avec un esprit de prudence, religieusement et saintement, en temps et lieu, en écartant toute indiscrète recherche des voies du Dieu souverain; le tout à la gloire du saint Nom de Dieu, et pour la vive consolation de son peuple.



    XV.

    Au reste, l'Ecriture sainte rend d'autant plus illustre et recommandable cette grâce éternelle et gratuite de notre élection, qu'elle témoigne, en outre, que tous les hommes ne sont point élus, mais qu'il y en a de non élus, ou qui ne sont point fait participants de l'élection éternelle de Dieu; à savoir ceux que Dieu, selon son bon plaisir très libre, très juste, irrépréhensible et immuable, a décidé de laisser dans la misère commune, où ils se sont précipités par leur propre faute, et de ne pas leur donner la foi salutaire, ni la grâce de la conversion; mais, les ayant abandonnés dans leurs voies, et sous un juste jugement, de les condamner et de les punir éternellement, non seulement à cause de leur infidélité, mais aussi pour tous leurs autres péchés, et cela pour la manifestation de sa justice. C'est là le décret de la réprobation, lequel ne fait nullement Dieu auteur du péché (ce qu'on ne peut pas penser sans blasphème), mais le montre juge redoutable, irrépréhensible et juste, et vengeur du péché.



    XVI.

    Ceux qui ne sentent pas encore efficacement en eux une vive foi en Jésus-Christ, ou une confiance certaine du coeur, une paix de la conscience, un soin et souci d'une obéissance filiale, et une glorification en Dieu par Jésus-Christ, mais qui néanmoins se servent des moyens par lesquels Dieu a promis d'effectuer ces choses en nous: ceux-là ne doivent pas perdre courage quand ils entendent parler de la réprobation, ni se mettre au rang des réprouvés. Au contraire, ils doivent persévérer soigneusement dans l'usage de ces moyens, désirer ardemment l'heure d'une grâce plus abondante, et l'attendre en toute révérence et humilité. Beaucoup moins encore doivent être épouvantés par la doctrine de la réprobation ceux qui, bien qu'ils désirent sérieusement se convertir à Dieu, lui plaire uniquement, et être délivrés de ce corps de mort, ne peuvent toutefois encore parvenir aussi avant qu'ils voudraient dans le chemin de la piété et de la foi, puisque Dieu, qui est miséricordieux, a promis qu'il n'éteindra point le lumignon qui fume, ni ne brisera le roseau cassé. Mais cette doctrine est à bon droit en effroi à qui, ayant mis en oubli Dieu et le Sauveur Jésus-Christ, se sont entièrement asservis aux sollicitudes de ce monde et aux convoitises de la chair, aussi longtemps qu'ils ne se convertissent point à Dieu.



    XVII.

    Et puisqu'il nous faut juger de la volonté de Dieu par sa Parole, laquelle témoigne que les enfants des fidèles sont saints, non pas certes de nature, mais par le bienfait de l'alliance de grâce en laquelle ils sont compris avec leurs père et mère: les pères et mères qui craignent Dieu ne doivent pas douter de l'élection et du salut de leurs enfants que Dieu retire de cette vie pendant leur enfance.



    XVIII.

    Si quelqu'un murmure contre cette grâce de l'élection gratuite et contre la sévérité de cette juste réprobation, nous lui opposons ce dire de l'Apôtre: Toi plutôt, qui es-tu pour discuter avec Dieu? (Rm 9:20); et celui de notre Sauveur: Ne m'est-il pas permis de faire de mes biens ce que je veux? (Mt 20:15) Mais quant à nous, qui adorons religieusement ces mystères, nous nous écrions avec l'Apôtre: O profondeur de la richesse, de la sagesse et de la connaissance de Dieu! Que ses jugements sont insondables et ses voies incompréhensibles! En effet, qui a connu la pensée du Seigneur? Ou qui a été son conseiller? Qui lui a donné le premier, pour qu'il ait à recevoir en retour? Tout est de lui, par lui, et pour lui! A lui la gloire dans tous les siècles. Amen! (Rm 11:33-36) 


    II - LA MORT DE JESUS-CHRIST ET LA REDEMPTION DES HOMMES
  • Le second point de doctrine concernant la mort de Jésus-Christ et la rédemption des hommes par elle

  • I.

    Dieu n'est pas seulement souverainement miséricordieux, mais aussi souverainement juste. Or sa justice requiert (selon qu'il s'est révélé dans sa Parole), que nos péchés commis contre sa Majesté infinie soient punis non seulement de peines temporelles, mais aussi de peines éternelles, dans le corps et dans l'âme, peines que nous ne pouvons éviter que s'il est satisfait à la justice de Dieu.



    II.

    Or, puisqu'il n'est point en notre puissance de satisfaire la justice de Dieu par nous-mêmes, ni de nous délivrer de la colère de Dieu: Dieu, par sa miséricorde immense, nous a donné pour garant son Fils unique, qui a été fait péché et malédiction sur la croix pour nous ou à notre place, afin de satisfaire la justice de Dieu pour nous.



    III.

    Cette mort du Fils de Dieu est l'unique et très parfait sacrifice et la satisfaction de la justice de Dieu pour les péchés, d'une valeur et d'un prix infinis, qui suffit abondamment pour expier les péchés du monde entier.



    IV.

    Cette mort est d'une si grande valeur et dignité, parce que la personne qui l'a soufferte n'est pas seulement un homme vrai et parfaitement saint, mais est aussi le Fils unique de Dieu, d'une même essence éternelle et infinie avec le Père et le Saint-Esprit, tel que devait être notre Sauveur; c'est aussi parce que sa mort a été conjointe avec le sentiment de la colère et de la malédiction de Dieu que nous avions méritées par nos péchés.



    V.

    Au reste, la promesse de l'Evangile est: afin que quiconque croit en Jésus-Christ crucifié, ne périsse point, mais ait la vie éternelle. Et cette promesse doit être indifféremment annoncée et proposée à toutes les nations et à toutes les personnes auxquelles Dieu, selon son bon plaisir, envoie l'Evangile, et cela avec le commandement de se repentir et de croire.



    VI.

    Quant à ce que beaucoup de ceux qui sont appelés par l'Evangile ne se repentent point, ni ne croient en Jésus-Christ, mais périssent dans l'infidélité: cela n'arrive point par l'imperfection ou l'insuffisance du sacrifice de Jésus-Christ offert sur la croix, mais par leur propre faute.



    VII.

    Mais si nombreux que soient ceux qui croient vraiment, et qui sont délivrés et sauvés des péchés et de la perdition par la mort de Jésus-Christ, ils ne jouissent de ce bienfait que par la seule grâce de Dieu, qu'il ne doit à personne et qui leur a été donnée de toute éternité en Jésus-Christ.



    VIII.

    Car tel a été le très libre conseil et la très favorable volonté et intention de Dieu le Père, que l'efficacité vivifiante et salutaire de la mort très précieuse de son Fils s'étendit à tous les élus, pour leur donner à eux seuls la foi justifiante, et par elle les amener infailliblement au salut. Autrement dit, Dieu a voulu que Jésus-Christ, par le sang de la croix (par lequel il a confirmé la nouvelle alliance), rachetât efficacement du milieu de tout peuple, de toute nation et de toute langue, tous ceux, et ceux-là seulement, qui de toute éternité ont été élus au salut, et lui ont été donnés par le Père; qu'il leur donnât la foi, qu'il leur a, aussi bien que tous les autres dons du Saint-Esprit, acquise par sa mort; les purifiât par son sang de tout péché et originel et actuel, commis tant après qu'avant la foi; les conservât fidèlement jusqu'à la fin, et finalement les fît comparaître devant lui, glorieux, sans aucune tache ni souillure.



    IX.

    Ce conseil, procédé de l'amour éternel de Dieu envers les élus, s'est puissamment accompli dès le commencement du monde jusqu'au temps présent (les portes de l'Enfer s'y étant opposées en vain), et s'accomplira aussi à l'avenir; et cela de telle sorte que les élus seront, en leur temps, rassemblés en un seul peuple, et qu'il y aura toujours une Eglise de croyants fondée sur le sacrifice de Jésus-Christ. Cette Eglise aimera constamment son propre Sauveur, qui pour elle, comme un époux pour son épouse, a donné sa vie sur la croix; elle le servira avec persévérance et le célèbrera tant ici-bas que dans l'éternité.


    III-IV LA CORRUPTION DE L'HOMME ET SA CONVERSION A DIEU
  • Le troisième et quatrième point de doctrine concernant la corruption de l'homme, sa conversion à Dieu, et les modalités de celle-ci

  • I.

    L'homme a été créé au commencement à l'image de Dieu. Il était orné dans son entendement de la vraie et salutaire connaissance de son Créateur et des choses spirituelles; de justice dans sa volonté et son coeur; de pureté dans toutes ses affections. Il a donc été entièrement saint. Mais, s'étant détourné de Dieu sous l'inspiration du diable, et cela de sa libre volonté, il s'est privé lui-même de ces dons excellents. A leur place et à l'opposé, il a attiré sur lui l'aveuglement, d'horribles ténèbres, la vanité et la perversité de son entendement, la méchanceté, la rébellion et la dureté dans sa volonté et dans son cœur, de même que l'impureté dans toutes ses affections.



    II.

    Or tel qu'a été l'homme après la Chute, tels enfants il a procréé, à savoir: lui, corrompu, des enfants corrompus, la corruption étant dérivée, par le juste jugement de Dieu, d'Adam sur toute sa postérité, excepté Jésus-Christ seul; et ceci non point par l'imitation, mais par la propagation de la nature corrompue.



    III.

    C'est pourquoi tous les hommes sont conçus dans le péché et naissent enfants de colère, incapables de tout bien salutaire, enclins au mal, morts dans le péché et esclaves du péché. Et sans la grâce de l'Esprit qui régénère, ils ne veulent ni ne peuvent retourner à Dieu, ni corriger leur nature dépravée, ni se disposer à l'amendement de celle-ci.



    IV.

    Il est vrai qu'après la Chute, il a subsisté dans l'homme quelque lumière de nature; grâce à elle, il conserve encore une certaine connaissance de Dieu et des choses naturelles, il discerne entre ce qui est honnête et malhonnête, et montre avoir quelque pratique et soin de la vertu et d'une discipline extérieure. Mais tant s'en faut que, par cette lumière naturelle, il puisse parvenir à la connaissance salutaire de Dieu, et se convertir à lui, puisqu'il n'en use même pas droitement dans les choses naturelles et civiles, mais plutôt, telle qu'elle est, il la souille de diverses manières et la maintient dans l'injustice: ce que faisant, il est rendu inexcusable devant Dieu.



    V.

    Il en va du Décalogue, que Dieu a particulièrement donné aux Juifs, exactement comme de la lumière naturelle. En effet, il manifeste la grandeur du péché, et en rend l'homme de plus en plus convaincu. Mais il ne donne aucun moyen, ni n'apporte aucune force pour sortir de cette misère. Ainsi donc, le Décalogue, étant rendu faible par la chair, laisse le transgresseur sous la malédiction, et il est par conséquent impossible que, par lui, l'homme obtienne la grâce salutaire.



    VI.

    Ce que ne peuvent donc faire ni la lumière naturelle ni la Loi, Dieu l'effectue par la vertu du Saint-Esprit, par le moyen de la Parole ou du ministère de la réconciliation, c'est-à-dire l'Evangile concernant le Messie, par lequel il a plu à Dieu de sauver les croyants aussi bien aux époques de l'Ancien que du Nouveau Testament.



    VII.

    Ce secret de sa volonté, Dieu l'a dévoilé à un petit nombre de personnes aux époques de l'Ancien Testament; mais à celle du Nouveau Testament, il le révèle à un beaucoup plus grand nombre de personnes. La cause de cette dispensation ne peut être attribuée au fait qu'une nation serait plus digne qu'une autre, ou parce qu'elle se servirait mieux qu'une autre de la lumière naturelle, mais au bon plaisir de Dieu, qui est souverainement libre, et à son amour gratuit.

    C'est pourquoi ceux auxquels est faite une si grande grâce, en dehors de, et contre tout mérite, doivent la reconnaître d'un coeur humble avec action de grâces; mais chez les autres, à qui cette grâce n'est pas faite, ils doivent, avec l'Apôtre, adorer la sévérité et la justice des jugements de Dieu, mais non les sonder avec curiosité.



    VIII.

    Or, si nombreux que soient ceux qui sont appelés par l'Evangile, ils sont appelés efficacement. Car Dieu montre sérieusement et très véritablement par sa Parole ce qui lui est agréable: à savoir, que ceux qui sont appelés viennent à lui. Aussi promet-il certainement à tous ceux qui viennent et croient en lui, le repos de leur âme et la vie éternelle.



    IX.

    Et si beaucoup de ceux qui sont appelés par le ministère de l'Evangile ne viennent pas à Dieu, ni ne se convertissent, la faute n'en est ni dans l'Evangile, ni en Dieu qui, par l'Evangile, les appelle et même leur confère divers dons, mais en ceux-là mêmes qui sont appelés. De ceux-ci, les uns, par leur nonchalance, ne reçoivent point la parole de vie; d'autres la reçoivent pourtant, mais non au plus profond de leur coeur, et c'est pourquoi, après la joie momentanée d'une foi temporelle, ils se retirent; d'autres encore, par les épines des sollicitudes et des voluptés de ce monde, étouffent la semence de la parole, et ne portent aucun fruit, comme notre Sauveur l'enseigne dans la parabole de la semence (Mt 13).



    X.

    Mais le fait que les autres, qui sont appelés par le ministère de l'Evangile, viennent à Dieu et sont convertis, ne doit point être attribué à l'homme, comme si, par son libre-arbitre, il se distinguait lui-même d'avec les autres qui, avec lui, seraient pourvus d'une grâce semblable ou suffisante pour croire et se convertir ; ce fait doit être attribué à Dieu qui, du fait qu'il a élu les siens de toute éternité en Christ, les appelle aussi efficacement en temps opportun, leur donne la foi et la repentance et, les ayant délivrés de la puissance des ténèbres, les transporte dans le Royaume de son Fils, afin qu'ils annoncent les vertus de celui qui les a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière, et qu'ils ne se glorifient point en eux-mêmes, mais dans le Seigneur, comme l'Ecriture apostolique en témoigne en maints endroits.



    XI.

    De plus, quand Dieu exécute son bon-plaisir dans les élus, ou quand il les convertit, non seulement il veille à ce que l'Evangile leur soit extérieurement prêché, et il illumine puissamment leur entendement par le Saint-Esprit, afin qu'ils comprennent et discernent droitement les choses qui sont de l'Esprit de Dieu, mais aussi, par l'efficacité de ce même Esprit de régénération, il pénètre jusqu'au tréfonds de l'homme, ouvre le coeur qui est fermé, amollit celui qui est dur, circoncit le prépuce du coeur, introduit de nouvelles qualités dans la volonté, et fait que cette volonté de morte devienne vivante, de mauvaise bonne, de non-volontaire volontaire, et de revêche obéissante; et il besogne en elle et la fortifie, afin que comme un bon arbre, elle puisse produire de bons fruits.



    XII.

    C'est là cette régénération si célébrée dans les Ecritures, ce renouvellement, cette nouvelle création, ce relèvement d'entre les morts et cette vivification, que Dieu opère en nous et sans nous. Or elle n s'accomplit nullement par la seule doctrine entendue, ou par une persuasion morale ou toute autre manière d'opérer, qui se ferait par des raisons persuasives, de telle sorte qu'après que Dieu ait agi pour sa propre part, il resterait encore au pouvoir de l'homme d'être régénéré ou non d'être converti ou de ne l'être point. Au contraire, c'est une opération entièrement surnaturelle, très puissante et très douce à la fois, admirable, secrète et ineffable. Selon l'Ecriture, celle-ci, quant à son efficacité, n'est en rien inférieure à la création ou à la résurrection des morts, si bien que tous ceux dans les coeurs desquels Dieu opère de cette façon admirable, sont certainement, infailliblement et efficacement régénérés, et croient effectivement. Dès lors, la volonté déjà renouvelée n'est pas seulement poussée et mue par Dieu, mais sous l'action de Dieu, elle agit aussi elle-même. C'est pourquoi on peut fort bien dire que c'est l'homme lui-même qui croit et se repent par le moyen de la grâce qu'il a reçue.



    XIII.

    Durant cette vie terrestre, les fidèles ne peuvent pleinement comprendre la manière de cette opération. Cependant ils jouissent du repos, du fait qu'ils savent et sentent que, par cette grâce de Dieu, ils croient de coeur et aiment leur Sauveur.



    XIV.

    Ainsi donc la foi est un don de Dieu, non parce qu'elle est offerte par Dieu au libre-arbitre de l'homme, mais parce qu'elle est réellement conférée, inspirée et infusée en l'homme. Non pas même encore parce que Dieu donnerait seulement la puissance de croire, et qu'il attendrait ensuite que la puissance de croire, et qu'il attendrait ensuite que la volonté de l'homme y consente, ou croie de fait; mais parce que lui-même qui opère et le vouloir et le faire - mieux encore, qui opère tout en tous - produit en l'homme et la volonté de croire et la foi elle-même.


    XV.

    Dieu ne doit cette grâce à personne. Car que devrait-il à celui qui ne peut rien donner le premier, pour qu'il lui rende en retour? Et que devrait-il donc à celui qui, de soi, n'a rien que péché et mensonge? Celui qui reçoit cette grâce en doit donc éternellement rendre grâce à Dieu, et c'est bien ce qu'il fait. Celui qui ne la reçoit point: ou bien il ne se soucie nullement de ces choses spirituelles, et se plaît dans ce qui est sien, ou, étant sans souci, se glorifie en vain d'avoir ce qu'il n'a point. Quant à ceux qui extérieurement font profession de foi chrétienne et amendent leur vie, il n'en faut juger et parler qu'en bien, à l'exemple des Apôtres, car le fond des coeurs nous est inconnu. Par contre, pour ceux qui n'ont pas encore été appelés, il faut prier Dieu qui appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient; et il ne nous faut d'aucune manière nous enorgueillir contre eux, comme si nous nous étions distingués nous-mêmes.



    XVI.

    Or, de même que par la Chute, l'homme n'a pas cessé d'être homme, doué d'entendement et de volonté, et que le péché qui s'est répandu dans tout le genre humain, n'a pas aboli la nature du genre humain, mais l'a dépravée et tuée spirituellement; de même cette grâce divine de la régénération n'agit point dans les hommes comme dans des troncs et des souches de bois; elle n'annihile pas davantage la volonté et ses propriétés, ni ne la force ou contraint contre son gré. Au contraire, elle la vivifie spirituellement, la guérit, corrige et fléchit, aussi doucement que puissamment, afin que là où auparavant dominaient pleinement la rébellion et la résistance de la chair commence à régner désormais la prompte et sincère obéissance de l'esprit en quoi consistent le véritable et spirituel rétablissement et la liberté de notre volonté. C'est pourquoi, si cet admirable Artisan de tout bien n'agissait de la sorte envers nous, il ne resterait à l'homme aucune espérance de se relever de la Chute au moyen du libre-arbitre par lequel, alors qu'il était encore debout, il s'est précipité dans la perdition.



    XVII.

    Et de même que cette toute-puissante opération de Dieu, par laquelle il produit et soutient notre propre vie naturelle, n'exclut pas, mais requiert l'usage des moyens par lesquels Dieu, selon sa sagesse et bonté infinies, a voulu déployer sa propre puissance; de même l'opération surnaturelle de Dieu, par laquelle il nous régénère, n'exclut ni ne renverse aucunement l'usage de l'Evangile, que ce Dieu très sage a ordonné pour être la semence de la régénération et la nourriture de nos âmes. C'est pourquoi, comme les Apôtres et les Docteurs qui les ont suivis ont pieusement enseigné le peuple concernant cette grâce de Dieu, c'est-à-dire à sa gloire et à l'abaissement de tout orgueil humain, sans toutefois négliger de le maintenir, par les saintes admonitions de l'Evangile, dans la pratique de la Parole, des Sacrements et de la discipline: ainsi, qu'il n'advienne jamais que ceux qui enseignent, ou ceux qui apprennent dans l'Eglise, présument de tenter Dieu, en séparant les choses que Dieu, selon son bon plaisir, a voulu être très étroitement conjointes. Car la grâce est conférée par les exhortations; et donc, plus promptement nous faisons notre ministère, plus est manifeste le bienfait de Dieu besognant en nous, et plus son oeuvre est alors excellente. Et c'est à ce Dieu seul qu'est due, aux siècles des siècles, toute la gloire, celle des moyens, et celle de leur fruit et de leur efficacité salutaire. Amen.



    V - LA PERSEVERANCE DES SAINTS
  • Le cinquième point de doctrine concernant la persévérance des saints

  • I.

    Ceux que Dieu appelle selon son immuable dessein à la communion de son Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, et régénère par son Saint-Esprit, il les délivre vraiment de la dominations et de la servitude du péché durant cette vie, mais pas entièrement de la chair et de ce corps de péché.



    II.

    De là vient que nous voyons journellement tant de péchés dus à notre faiblesse, et que les meilleures oeuvres des saints ne sont jamais sans tache; ce qui leur fournit continuellement l'occasion de s'humilier devant Dieu, d'avoir recours au Christ crucifié, de mortifier de plus en plus leur chair par l'esprit de prière et par de saints exercices de piété, et de soupirer après le but, qui est la perfection; jusqu'à ce qu'étant délivrés de ce corps de péché, ils règnent au Ciel avec l'Agneau de Dieu.



    III.

    A cause de ces restes de péchés qui habitent en nous, et des tentations du monde et de Satan, ceux qui sont convertis ne pourraient persister en cette grâce s'il étaient laissés à leurs propres forces. Mais Dieu est fidèle: il les confirme miséricordieusement dans la grâce qu'il leur a une fois conférée, et les conserve puissamment jusqu'à la fin.



    IV.

    Or, bien que cette puissance de Dieu, qui fortifie et conserve les vrais fidèles dans la grâce, soit trop grande pour pouvoir être vaincue par la chair; toutefois, ceux qui sont convertis ne sont pas toujours conduits et poussés par Dieu de telle sorte qu'ils ne puissent, par leurs fautes, en quelques actions particulières, se détourner de la conduite de cette grâce, ou se laisser séduire par les convoitises de la chair au point de leur obéir. Aussi faut-il qu'ils veillent toujours et prient de ne point être induits dans les tentations. S'ils ne le font point, non seulement ils peuvent être entraînés par la chair, le monde et Satan à des péchés même graves et horribles; mais ils y sont aussi parfois entraînés par une juste permission de Dieu, ce que montrent assez les tristes chutes de David, de Pierre et d'autres saints personnages mentionnés dans l'Ecriture.



    V.

    Par de tels péchés, cependant, ils offensent Dieu gravement; ils se rendent coupables de mort en contristent le Saint-Esprit; ils rompent le cours normal de l'exercice de la foi, blessent très gravement leur conscience, et parfois perdent temporairement le sentiment de la grâce, jusqu'à ce que la face paternelle de Dieu les éclaire de nouveau, quand, par une véritable repentance, ils retournent dans le bon chemin.



    VI.

    Car Dieu, qui est riche en miséricorde, selon le dessein immuable de l'élection, ne retire point entièrement des siens le Saint-Esprit, même dans leurs tristes chutes; et il ne permet pas qu'ils tombent au point de perdre la grâce de l'adoption et l'état de justification ou qu'ils commettent le péché qui conduit à la mort, à savoir contre le Saint-Esprit; et, qu'étant totalement abandonnés par lui, ils se précipitent dans la perdition éternelle.



    VII.

    Dans ces chutes, en effet, Dieu conserve d'abord en eux la semence immortelle qu'il y a lui-même plantée, et par laquelle ils sont régénérés, afin qu'elle ne se perde ni ne soit entièrement rejetée. Ensuite, il les renouvelle vraiment et efficacement par sa Parole et par son Esprit, afin qu'ils se repentent et soient contristés de coeur, et selon Dieu, de leurs péchés; que d'un coeur contrit et brisé ils en désirent et obtiennent la rémission dans le sang du Médiateur, et cela par la foi; qu'ils sentent à nouveau la grâce de Dieu réconcilié avec eux, qu'ils adorent ses compassions et sa fidélité, et qu'ils travaillent désormais plus soigneusement à leur salut avec crainte et tremblement.



    VIII.

    Ainsi, ce n'est ni par leurs mérites ni par leurs forces, mais par la miséricorde gratuite de Dieu, qu'ils obtiennent de ne pas perdre totalement la foi et la grâce et de ne pas demeurer et périr finalement dans leurs chutes: ce qui, quant à eux, non seulement pourrait arriver aisément, mais arriverait sûrement. Mais, quant à Dieu, cela ne peut jamais arriver, vu que son conseil ne peut pas changer, ni sa promesse s'évanouir, ni la vocation selon son ferme dessein être révoquée, ni le mérite, l'intercession et la protection de Jésus-Christ être anéantis, ni le sceau du Saint-Esprit être rendu vain ou aboli.



    IX.

    Quant à cette garde des élus en vue de leur salut, et à la persévérance des vrais fidèles dans la foi, les fidèles eux-mêmes en peuvent être et en sont assurés, selon la mesure de la foi, par laquelle ils croient avec certitude qu'ils sont et demeureront toujours des membres véritables et vivants de l'Eglise, et qu'ils ont la rémission de tous leurs péchés, et la vie éternelle.



    X.

    Toutefois, cette certitude ne vient pas de quelque révélation particulière qui s'ajouterait à la Parole ou serait faite en dehors d'elle. Elle découle d'abord de la foi aux promesses de Dieu, qu'il a très abondamment révélées dans sa Parole pour notre consolation; ensuite, du témoignage du Saint-Esprit, qui témoigne à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu et ses héritiers (Rm 8:16-17). Enfin, d'une sérieuse et sainte recherche d'une bonne conscience et des oeuvres bonnes. Si les élus de Dieu étaient dans ce monde destitués de cette ferme consolation qu'ils obtiendront la victoire, et des arrhes infaillibles de la gloire éternelle, ils seraient les plus misérables de tous les hommes.



    XI.

    Cependant l'Ecriture atteste que les fidèles ont à combattre dans cette vie, contre divers doutes de la chair; et, lorsqu'ils ont à soutenir de graves tentations, qu'ils ne sentent pas toujours cette pleine consolation de la foi, et cette certitude de la persévérance. Mais Dieu, qui est le Père de toute consolation, ne permet point qu'ils soient tenté au-delà de leurs forces, mais leur donne, avec la tentation, la possibilité d'en sortir en la surmontant (1 Co 10:13). Et par le Saint-Esprit, il ranime de nouveau en eux la certitude de la persévérance.



    XII.

    Or, bien loin que cette certitude de la persévérance rende les vrais fidèles orgueilleux, et les plonge dans une sécurité charnelle, elle est, tout au contraire, la véritable racine de l'humilité, du respect filial et de la vraie piété, de la patience dans toutes les épreuves, de prières ardentes, de la constance sous la croix et dans la confession de la vérité, et d'une joie solide en Dieu. Et la considération de ce bienfait leur est bien plutôt un stimulant qui les incite à la pratique sérieuse et continuelle de la reconnaissance et des oeuvres bonnes, comme nous le montrent les témoignages des Ecritures et les exemples des saints.



    XIII.

    Aussi, quand la confiance de la persévérance commence à revivre en ceux qui sont relevés de leur chute, cela n'engendre en eux ni licence ni nonchalance dans leur piété, mais au contraire un beaucoup plus grand souci de garder avec soin les voies du Seigneur, qui leur sont préparées afin qu'en y marchant ils conservent la certitude de leur persévérance, de peur qu'en abusant de la bonté paternelle de Dieu, sa face favorable (dont la contemplation est pour les fidèles plus douce que la vie, et la privation plus amère que la mort), ne se détourne d'eux à nouveau, et qu'ils ne tombent alors dans de plus grand tourments d'esprit.



    XIV.

    Et de même qu'il a plu à Dieu de commencer en nous son oeuvre de grâce par la prédication de l'Evangile, de même il la conserve, la poursuit et l'accomplit par l'écoute, la lecture, les exhortations, les menaces et les promesses de ce même Evangile, aussi bien que par l'usage des Sacrements.



    XV.

    Cette doctrine de la persévérance des vrais croyants et des saints, et de la certitude qu'on en peut avoir, que Dieu a très abondamment révélée dans sa Parole, à la gloire de son Nom et pour la consolation des âmes pieuses, et qu'il imprime dans le coeur des fidèles, est telle que la chair est incapable de la comprendre: Satan la hait, le monde s'en rit, les ignorants et les hypocrites en abusent, et les esprits erronés la combattent. Mais l'Epouse du Christ l'a toujours très ardemment aimée et l'a constamment maintenue comme un trésor d'un prix inestimable. Dieu lui accordera de continuer à la faire, lui contre qui aucune sagesse ne peut rien, ni sur qui aucune force ne peut prévaloir. Auquel Dieu, soient honneur et gloire aux siècles des siècles. Amen.

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